Dans un précédent numéro,
nous avions parlé de la position du volant qui, de la droite, sa place
d’origine, est passé à gauche dans tous les pays où les voitures roulent à
droite. Nous allons maintenant essayer d’expliquer pourquoi on roule soit à
gauche, soit à droite. Dans LVA ou d’autres revues il y a eu bien des
explications et bien des raisons, je reprendrais ci-dessous des théories lues
dans plusieurs musées britanniques et qui me paraissent parfaitement plausibles
bien que je ne les aient jamais vues reprises en France. Toutefois toutes ont en
commun une chose : c’est parce que l’homme est majoritairement droitier
que l’on roule à droite ou… à gauche !
A l’origine, rien n’est défini :
les premières routes sont les voies romaines qui doivent considérées comme
des ouvrages militaires. Les commerçants les trouvèrent pratiques pour les échanges :
quand on se croise, la priorité est à la légion ! Quelques siècles plus
tard, les routes étant toujours étroites, on se croisera suivant son rang :
le commerçant s’effacera devant le militaire, le chevalier devant le baron,
le baron devant le comte, etc. mais les ecclésiastiques ont le dernier mot !
Les armoiries et livrées sont bien visibles pour éviter les impairs.
La situation perdurera ainsi
jusqu’au XXVII/XXVIIème siècle où les services de la poste se développèrent.
Les routes étaient souvent des chemins creux, bordés de talus, de haies avec
des frondaisons les recouvrant : de plus ils ne sont pas toujours sûrs !
Dans ces conditions piétons et cavaliers préfèrent se croiser à gauche :
c’est plus facile pour se défendre à l’épée ! Idem pour protéger
un personnage important ou, lorsqu’elles apparurent, une voiture : le
talus protégeant le flanc gauche l’escorte protégera les trois autres côtés,
en particulier flanc droit ou le droitier croisera facilement le fer tout en
maintenant la protection rapprochée de l’homme ou de la voiture.
Jusqu’à cette époque la
circulation est assez faible et les croisements de lourds équipages peu fréquents
mais cela va changer avec le développement des coches, malles-postes amenant
des croisement de plus en plus fréquents : on se croise à gauche ou à
droite sans qu’une règle soit imposée mais cela ne va pas tarder car,
parfois, les conducteurs se comprennent mal !
Alors pourquoi cette mesure
aboutira-t-elle à deux solutions opposées de part et d’autre de la Manche ?
C’est que, déjà, on ne conduisait pas de la même manière ! Deux écoles
de conduite d’attelage s’opposaient en Europe :
-
Outre-Manche
le cocher est assis à l’avant de la voiture quand il n’est pas à l’arrière
parfois. Il va de soi que pour manier le fouet de la main droite il sera moins gêné
s’il conduit à gauche : moins de risque que le fouet accroche un
branchage à droite ou au-dessus !
-
En France
et une partie de l’Europe, c’est le postillon qui mène l’attelage. Il
chevauche un des chevaux de tête, généralement celui de gauche car cela lui
laisse la main droite pour le fouet ou les rênes des autre chevaux. On comprend
de suite que lui n’a pas du tout envie de rouler à gauche pour accrocher (lui
ou son fouet) toutes les branches basses !
-
De part
et d’autres des usages tendent à s’établir.
Les incidents ou accidents se
multipliant, Napoléon 1er auteur
en quelque sorte du premier code de la route imposa à tout l’empire (une
grande partie de l’Europe à cette époque) la circulation à droite.
L’Angleterre fit de même mais à gauche.
Par la suite quelques pays
« neutres » ayant choisi la gauche pour la même raison que les
Anglais passèrent à droite quand l’automobile supplanta le cheval. Le
dernier notoire en date étant la Suède. Le Royaume-Uni a longtemps été opposé
au changement mais lorsque la position évolua , la chose va se révéler économiquement
impossible, trop de choses à modifier le réseau ayant été optimisé pour la
conduite à gauche : entrées de ronds-points, ouvrage d’arts…
A ma connaissance, outre bien sûr
les pays de l’ancien empire britannique, le Japon doit être un des rares à
conduire à gauche. Je ne sais pourquoi les USA et le Canada optèrent pour la
droite.
Date :
novembre 2007